top of page

 J’ai décidé de créer une rubrique spécialement consacrée aux rapports de la dyshidrose (et de l'eczéma en général) avec la psychologie. Je vous y parlerai évidemment d’expérience personnelle mais aussi y publierai des articles dignes d'intérêt, trouvés sur internet ou dans des livres.

​

​

dyshidrose et psyché

Le premier article est par exemple consacré à un chapitre du livre « Hauterkrankungen als Botschaften der Seele » (les maladies de la peau comme messages de l'âme), un livre qui n’est malheureusement pas traduit en français et que je m’attacherai donc à vous résumer. 

​

Vous pouvez évidemment partager vos expériences personnelles et questions dans les commentaires. 

En espérant que ces lignes pourront permettre à certains d’entre vous de pouvoir dire « EURÊKA! », qui sait…restons optimistes ;-) 

illustration:©Little_Box_Studio
illustration:©LittleBoxStudio

Je reprends...je suis donc tombée tout à fait par hasard à la bibliothèque sur un chapitre qui pourrait beaucoup vous intéresser, car d'après ce que je sais, le livre dont il provient n'est disponible qu'en allemand et en anglais, et nous les français on est bien contents d'avoir quand même des infos supplémentaires! 

Je l'ai lu pour ma part en allemand et vais tâcher, à défaut de le traduire entièrement, de vous en fournir les passages les plus croustillants...

​

Anne Maguire a un parcours peu conventionnel. Elle étudie tout d'abord la dermatologie à Londres et Paris où elle officie comme dermatologue pendant plusieurs années. Elle décide par la suite de suivre à Zürich des études de psychologie à l'institut Jung, dont elle sort diplômée. Elle ouvre par la suite un cabinet de psychothérapeute à Londres, se spécialise dans le domaine des maladies psychosomatiques et donne de nombreux séminaires en Europe et aux USA.

​

Le livre de cette dame sur lequel je suis tombée à la bibliothèque s'intitule :

"les Maladies de la peau comme messages de l'âme"

​

​

En voici quelques extraits : 

​

"L'eczéma représente une des affections de la peau les plus fréquemment rapportées. Sous le terme eczéma, se comprend une forme spécifique d'inflammation de la peau. L'eczéma débute toujours par de toutes petites bulles dont sort un liquide transparent, s'ensuit la formation d'une croute et enfin la desquamation. Ce cycle se répète indéfiniment jusqu'à la potentielle guérison. Une bulle d'eczéma est comparable à un minuscule volcan, dont le rôle serait d'entrer en éruption sur la peau. Comme ces petites bulles sont nombreuses, il en résulte que la peau ressemble à une "plaque de cuisson" d'eczéma. Le mot "eczéma" provient d'ailleurs du grec et signifie "cuire". 

Dès que l'on a la possibilité de pousser l'analyse des patients atteints d'eczéma un peu plus loin que la normale, on s'aperçoit que la grande majorité d'entre eux a un passif psychologique qui a entrainé la poussée, et que la zone concernée par les poussées a souvent une signification inconsciente. 

Il est aussi très important d'observer le facteur temps, c'est à dire le moment exact où l'eczéma s'est déclenché et a perduré. Cette partie de l'anamnèse demande beaucoup de patience et de ténacité au soignant et beaucoup d'ouverture et de coopération de la part du patient. 

L'eczéma concerne souvent les mains. Particulièrement dans notre monde de l'industrie moderne, c'est souvent le cas. Dans le monde du travail, on ne fera cependant pas attention au passif psychologique d'un patient, et la poussée d'eczéma aux mains sera diagnostiquée presque exclusivement en rapport avec des produits déclencheurs allergisants ou irritants. Le fait que le travailleur soit aussi un être humain à part entière, avec une vie de famille en dehors de son travail, avec une vie spirituelle, des instincts, des émotions...tout cela n'est pas pris en compte. Les questions, qui le plus souvent ne sont pas posées, sont : pourquoi cette maladie ? pourquoi les mains ? pourquoi maintenant ?

 

un machiniste a une poussée d'eczéma irritatif sur les mains. La seule cause possible prise en compte est une nouvelle huile de graissage ou un liquide de refroidissement, qui viendrait d'être récemment introduit dans la fabrique. Il ne vient même pas à l'idée du malade que la souffrance pourrait être en relation avec le fait qu'il se trouve près de divorcer, ou bien qu'il ait découvert peu de temps auparavant que sa femme le trompait ou bien que son fils soit accro à la drogue ou bien parce que sa mère vient de mourir. Même s'il est conscient des charges émotionnelles et spirituelles qu'il porte, il ne lui vient pas à l'esprit de les mettre en relation avec sa vie au travail et donc avec l'eczéma de ses mains, qui semble clairement résulter d'une maladie professionnelle. La souffrance se retire alors vers l'intérieur, devient chronique, jusqu'à ce qu'un changement psychologique radical se produise et provoque soit l'émergence des émotions profondément enfouies, soit - le plus souvent - leur enfouissement encore plus profond dans l'inconscient. Celles-ci rejailliront alors de nombreuses années après sous une autre forme. Pourtant, le fait de mettre à jour (de rendre conscient) des éléments de la vie émotionnelle profonde semble être une condition que le Moi nous impose.  

​

​

Un autre exemple : un homme travaille depuis quarante ans dans une fabrique de plastique et a de nombreuses tâches à accomplir. Un matin, il se réveille avec un eczéma des mains. Les tests cutanés révèlent qu'il est très clairement allergique à l'un des produits chimiques utilisés dans la fabrique. Cependant, en enquêtant un peu plus loin, on se rend compte que l'apparition de l'eczéma coïncide avec un important choc psychologique survenu quelque temps plus tôt. Le jour avant la poussée, l'homme a appris que sa femme souffrait d'une maladie incurable et qu'il ne lui restait que quelques semaines à vivre.

Une femme de ménage a une poussée d'eczéma irritatif sur les mains et on soupçonne que la cause soit un produit détergeant ou nettoyant. En cherchant de plus près, on s'aperçoit que ceci est accompagné d'une peur latente et inconsciente, provoquée par une grossesse non désirée, ou bien parce qu'un parent plus âgé doit être pris en charge dans la maison familiale.

Un écolier développe une allergie au revêtement de cuir de ses chaussures d'école, et cela se traduit par un eczéma intense sur la plante des pieds. (la plante des pieds est une partie du corps qui est en contact intime avec le monde extérieur). Plus précisément, le jeune garçon est devenu hypersensible au chrome, metal utilisé lors de la fabrication du cuir. Ce n'est que plus tard que l'on s'aperçoit que cette allergie soudaine s'est manifestée au moment où l'enfant allait être placé dans une classe plus grande, ou il avait affaire à un professeur tyrannique. 

Une femme d'âge moyen utilise pour la premier fois un parfum très cher et a une réaction allergique à celui-ci le jour suivant. Il lui vient à l'esprit que ce parfum était un cadeau d'adieu d'un amant qui l'avait quittée six mois auparavant subitement et sans explications, ce qui avait été pour elle un choc. Si la femme semblait avoir oublié cette "diffamation", la peau quant à elle, y pensait encore...

Une autre femme, qui avait auparavant un métier valorisant, se retrouve après quelques mauvais tours du destin caissière dans un bistrot de nuit où se rend le plus souvent une clientèle miteuse. Elle développe une allergie au nickel, le métal dans lequel les pièces de monnaie sont faites, qu'elle a perpétuellement "en mains" et qu'elle ressent comme sale. Ses mains se rebellent donc contre son travail, car la violence de son rejet profond contre ce travail n'est pas conscient. 

​

Ainsi, beaucoup de maladies sont diagnostiquées comme eczémas de contact (donc provoqué par l'extérieur), mais en fouillant un peu on s'aperçoit que d'autres événements qui se situent au même moment, la plupart du temps, déclenchant une détresse psychologique sont déterminants dans l'apparition de cet eczéma. 

​

Chez l'homme, la main représente avant tout la capacité à travailler et dans une moindre mesure, à aider et à soutenir, pendant que chez la femme, la main représente souvent le principe d'Eros et symbolise donc la capacité à saisir et tenir. 

​

Lors d'une crise d'eczéma, il se produit la même chose en petit que lorsqu'un volcan entre en éruption. Les conséquences pour la personne touchée sont même comparables. Lors d'une éruption de volcan, le contenu du coeur de la terre se déverse à la surface, et ainsi se décharge d'une tension. Chez les humains aussi, on peut parler de la délivrance d'une tension interne/psychologique trop importante quand un archétype de l'inconscient est touché. 

​

Jung définit l'archétype comme une dynamique-noyau de la psyché, comme une masse énergie dynamique mémorisante. La peau humaine est là, tout comme la croute terrestre, comme chape de protection et laisse sous forme d'eczéma un trop plein se déverser, s'exprimer vers l'extérieur. 

Ainsi, dans chacun des cas cités ci-dessus, un facteur psychique inconscient était en relation avec la maladie de peau, non pas de manière causale, mais se manifestait dans le temps en relation. On parle alors d'événements "synchrones"."

​

​

​

​

​

​

​

 

Je vais vous retranscrire ici le chapitre suivant cette introduction sur l'eczéma dans le livre de Anne Maguire. Il concerne le cas particulier d'une patiente, raconté par l'auteur : 

​

" Un après-midi aux alentours de deux heures, vint une jeune femme de 22 ans avec une éruption chronique eczémateuse sur les mains dans mon cabinet. Son médecin traitant me l'avait envoyée. Elle donnait une impression incroyablement sympathique et intelligente. Pleine d'inquiétude, elle me demanda si peut-être je pourrais l'aider. Il était clair qu'elle avait une affection aux mains, mais qui était une partie d'un processus eczémateux de dermatite atopique, ou plutôt Nevrodermite constitutionalis, qui dans son cas avait déjà agressé le corps entier. Déjà deux jours après sa naissance la maladie s'était installée. 

Elle cherchait conseil car étant caissière dans un supermarché, elle avait honte de ses mains qui étaient sèches, ridées et qui pelaient. Elles me rappelaient les mains d'une momie. 

Sa situation familiale paraissait en ordre. Elle était enfant unique et avait une relation extrêmement proche avec sa mère, qui l'aimait beaucoup. Comme elle semblait de l'avis qu'il n'y avait pas grand chose à faire, elle ne fût pas étonnée quand je lui ai dit que en matière de thérapie, je ne pouvais rien lui proposer de nouveau que ce qu'on lui avait déjà prescrit.

Elle me posa pendant quelques minutes des questions concernant la cause de cette affection qui l'accablait depuis le début de sa vie. On lui avait dit que c'était transmis héréditairement. Au moment où elle se préparait à partir, il me vint à l'idée de lui expliquer les dessous psychologiques de cette maladie, tels que je les avais vécus dans mon cabinet au fil des années. 

Pendant un temps nous parlâmes du manque d'amitiés autour d'elle et de la relation très étroite qu'elle avait avec sa mère. J'essayais de lui faire comprendre avec tact que, même si elle aimait énormément sa mère, une relation si étroite pouvait devenir nuisible, car pour les deux personnes, mère et fille, elle était tout de même plus ou moins étouffante, mais surtout pour la fille en général. Elle s'en alla et j'avais l'impression que je ne lui avais pas expliqué assez clairement ce que j'entendais avec l'archétype maternel. Je pensais qu'elle n'avait donc pas forcément bien saisi mes petite homélies. Mais, quelques semaines après, elle revint. Son état ne s'était pas vraiment modifié, mais elle montrait une certaine vivacité que je ne lui avais pas remarqué la fois précédente. 

Elle ouvrit la discussion en faisant la remarque que, bien que son état ne s'était dans les faits pas amélioré, elle savait à présent qu'elle allait guérir complètement. Quelque chose d'extraordinaire s'était selon elle produit, quelque chose qui lui donna la foi de la guérison prochaine. 

Après sa première visite, elle était rentrée directement chez elle et était arrivée environ à 5 heures moins le quart. Elle retira son manteau et alla dans la cuisine pour préparer un thé. Pendant qu'elle se tenait debout dans la cuisine et attendait que l'eau bouille, elle remarqua qu'elle se sentait tout à coup extrêmement fatiguée, comme si une chape de plomb tombait sur elle, une fatigue lourde, à tel point qu'elle ne pouvait plus tenir debout et qu'elle dut s'asseoir sur une chaise de la cuisine. Elle regarda l'horloge, il était 5 heures moins cinq. Elle s'endormit et fait un rêve assez hors-du-commun et si réaliste qu'il l'a réveilla. Quand elle regarda l'heure à nouveau, il était cinq heures moins une. Tout cela, le sommeil profond, le rêve et le réveil n'avait duré que quatre minutes. Dans son rêve, elle se retrouvait quelque part sous terre, dans un lieu avec beaucoup de couloirs souterrains. Elle n'avait jamais été dans un lieu pareil mais elle le reconnaissait cependant car elle en avait une vision dans son rêve même (j'avoue que je n'ai pas trop saisi le sens de cette phrase en allemand donc mes excuses si ce n'est pas clair...). Quand elle se réveilla, elle se sentait revigorée et décida de conserver le rêve sous la forme d'un dessin qu'elle m'apporta. En soi, cela était déjà quelque chose d'assez remarquable, car nous n'avions jamais évoqué le thème "rêves" lors des consultations. Le dessin était petit mais très détaillé. Elle l'avait dessiné sur un petit bout de papier à lignes et pas complètement blanc. À mon grand étonnement, il était question d'un labyrinthe très compliqué en forme de cercle, au milieu duquel se trouvait la silhouette d'une femme nue. C'était le rêve. Tandis que nous regardions le dessin ensemble, je lui demandais ce que cela pouvait bien pouvoir signifier, et elle me répondit qu'il s'agissait d'un labyrinthe et que la femme n'était pas elle-même mais avait quelque chose à voir avec elle. Par ailleurs, la femme vivait dans le labyrinthe. Je lui rendis le dessin, car il s'agissait d'une preuve de vérité de son inconscient. Je vis son visage rayonnant, et elle me dit : "je suis guérie, c'est un miracle". Je ne pouvais que l'approuver, Dans cet instant, nous savions l'une comme l'autre que sa névrose allait se résoudre, que sa peau allait guérir. Je ne l'ai plus jamais revue. 

Un labyrinthe est en soi composé d'innombrables chemins qui se croisent, beaucoup sont des impasses et il faut trouver le chemin qui mène au centre. C'était la tâche de Thésée, qui échappa au Minotaure qui vivait dans le grand labyrinthe de Cnossos. Sur les sols, les murs et les plafonds de grottes préhistoriques sont gravés beaucoup de labyrinthes. À Cumae, la porte du sanctuaire de la Sybille représente un labyrinthe. On retrouve des labyrinthes dans le monde entier de l'Europe à la Chine. Le chemin entre l'entrée et le centre représente une initiation, un voyage de découverte, qui ne peut être entrepris qu'avec une autorisation particulière. Le labyrinthe a des parentés avec le Mandala : les deux ont un centre "caché". Dans la nature, on retrouve souvent des structures de labyrinthe, par exemple dans la danse des abeilles ou de certains oiseaux, particulièrement chez les cigognes venant de Chine. Ce sont des images archétypales, qui se retrouvent dans la nature au travers de motifs originels. En allant plus loin, on peut voir le labyrinthe comme un système de défense. Il annonce : il y a ici quelque chose d'inconnu, de secret, de jusqu'à présent non reconnu et donc sacré. De ce fait, il ne peut être foulé que par des initiés. Le secret est au centre, le mystère ne s'ouvre qu'aux initiés qui ne peuvent le partager avec personne. 

Le labyrinthe du dessin de ma patiente était en forme de cercle, c'était un Mandala. 

​

"Mandala (Sanskrit) signifie cercle, aussi cercle magique. Sa symbolique renferme toutes les figures symboliques concentriques, tournant autour d'un centre, ronde ou carré et tous les agencements ronds ou radiaux." (Jung, GW 12, 546 Amn).

​

Jung décrit les Mandalas comme des "symboles d'unité", qui "font fonction de compensation de l'incompatibilité et du conflit de la situation consciente". 

​

(`à suivre) 

 

 

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

"la fille aux mains de momie..." 

bottom of page